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mardi 12 août 2008

Un argent au goût amer pour les Français

Les Français ont remporté quatre nouvelles médailles d'argent ce mardi 12 août aux JO de Pékin. Loin de se réjouir de ce résultat, la plupart des médaillés garde leur performance en travers de la gorge. La France, elle, attend toujours sa première médaille d'or.

Pour les athlètes français, l'essentiel n'est plus de participer, mais de gagner, et les sept médailles d'argent glanées en quatre jours ont laissé le plus souvent un goût amer aux Tricolores, qui attendaient toujours mardi soir leur premier titre olympique.
REUTERS
Favorite chez les moins de 63 kg après son titre de championne du monde, Lucie Decosse a été battue mardi 12 août en finale par sa grande rivale, la Japonaise Ayumi Tanimoto.
Certes la moisson n'est pas ridicule. Avec neuf médailles, la France possède le cinquième total au tableau des nations, et la fête était joyeuse mardi soir au Club France, où l'on fêtait les héros du jour. Mais les Tricolores ne sont classés qu'au 20e rang, car le classement est déterminé, d'abord, par les médailles d'or.
Et les médailles des seconds ont souvent eu la couleur de leurs larmes: celles d'Alain Bernard après le relais 4x100 m nage libre, de Lucie Decosse après sa défaite en finale des -66 kg en judo, ou encore de Fabien Lefèvre, battu en kayak (K1).
Chacun de ces "deuxièmes" a son histoire. Et chacun une raison différente d'être abattu.
Pour les uns, la déception vient simplement de l'assurance qu'ils viennent de laisser passer leur dernière chance. Ce fut le cas de l'épéiste Fabrice Jeannet, dimanche. Rarement un vice-champion olympique avait autant montré sa déception. Recroquevillé de longues minutes sur le bord de la piste après sa défaite, bras croisés sur le podium. Ailleurs.
"Cette deuxième place fait particulièrement mal, je ne sais pas si c'est la pire défaite de ma carrière, mais elle risque de me suivre longtemps (...) d'autant que c'était la dernière 'compet' de ma carrière en individuel", a-t-il lâché.
L'or est un sésame
Pour d'autres, la douleur vient du combat perdu. Vouloir donner le meilleur de soi-même et ne pas y parvenir. "Passer à côté", comme disent les sportifs. Nicolas Lopez, finaliste malheureux au sabre mardi: "C'est la frustration qui domine, j'aurais aimé perdre en étant meilleur, j'ai moins bien tiré en finale que dans les autres matches."
Ceux qui tombent de trop haut, pour avoir parfois été encensés par des supporteurs ou une presse trop enthousiastes, se font mal aussi. Ainsi Alain Bernard, qui a touché le mur de la piscine 8/100 de secondes après l'Américain Lezak, lundi, alors qu'il s'était élancé en tête du dernier relais du 4x100 nage libre.
Abattu à la sortie du bassin, l'Antibois s'est réfugié dans un couloir adjacent à la zone réservée aux entretiens avec la presse. Il y est resté plusieurs minutes, prostré dans un coin.

Lucides, certains athlètes mesurent aussi la chance unique qui vient de leur filer sous le nez, parfois pour quelques centièmes de secondes, une décision d'arbitre ou un détail insignifiant. "Ce qui est très dur c'est qu'on connaît tous les conséquences d'une réussite et d'une contre-performance", analyse le kayakiste Lefèvre.
"J'aurai forcément des regrets, renchérit Nicolas Lopez, parce que être vice-champion et être champion, ce n'est pas du tout la même chose, tous les sportifs le savent."
Ce ne sont pas les anciens champions olympiques comme Douillet, Lamour ou Killy qui le contrediront. Les sportifs savent que l'or olympique offre un sésame miraculeux pour avancer dans la vie, après le sport.